Nous passons les frontières chilienne et péruvienne sans encombres même si nous nous faisons encore une fois taxés nos fruits et légumes au passage. Nous prenons notre premier repas au Pérou et sommes enchantés: pour 1 euro ou 4 soles, nous avons très bien mangé. Un repas simple mais savoureux: de la viande cuite (souvent du poulet) dans une sauce et du riz. Plat incontournable de toutes les cantoches péruviennes que nous fréquenterons par la suite. Nous goûtons d'entrée notre premier « Inca Colla »: boisson nationale gazeuse. C'est chimique et dégoûtant à souhaits.

Dès notre arrivée, nous sommes pris par l'ambiance: des vendeurs ambulants partout; des odeurs, un soleil de plomb; des tissus colorés et des visages d'indiens comme on n'en avait jamais vus. Nous sommes enfin dans l'Amérique qui nous faisait rêver!

Nous passons par Tacna, puis Ilo puis Mollendo où nous nous arrêtons au marché pour nous approvisionner en produits frais: des mangues, des fruits de la passion succulents. Le fromages frais est appétissant et s'avère délicieux avec des aromates et de l'huile d'olive ou en salade. Les gens sont souriants. Par contre, il n'y a pas de doute: la vie au Pérou semble encore plus dure qu'en Argentine et au Chili.

Les paysages côtiers sont d'une aridité impressionnante. Néanmoins, les paysans s'obstinent à cultiver avec les pires difficultés. Où vont-ils chercher l'eau? Manifestement, ce sont des puits qui leur fournissent: l'agriculture est visible partout. Les piments ou « aji », éléments de base de la cuisine péruvienne et bolivienne sont cultivés et mis à sécher sur de grandes bâches en plastique. De grandes dunes de sable sur lesquelles les filles se régalent en faisant des pâtés ou en jouant au « restaurant » s'étalent sur toute la côte jusqu'à Lima.

Georges nous accompagne et chacun y trouve son compte. Il est rassuré de ne pas avoir cette route désertique à faire à vélo! Quant à nous, nous sommes heureux de changer notre quotidien et de partager nos découvertes avec lui.

L'arrivée à Arequipa par la magnifique place d'armes est impressionnante! Toutes ces colonnes et cette cathédrale majestueuse laissent songeurs sur les profits réalisés par les espagnols dans ce pays. L'architecture coloniale est magnifique. Nous n'avions pas vu de si beaux bâtiments depuis le début du voyage. Tout rappelle l'influence décisive de l'Espagne.

Arequipa est une grande ville à touristes et Yan se sent très vite mal à l'aise. Il décide donc de s'installer dans un cyber cafe: il a encore des personnes à contacter pour son retour et sa recherche de travail. Pendant ce temps, nous visitons le couvent Santa Catalina. Il accueillait les filles de bonnes familles espagnoles. Ce lieu était extrêmement luxueux. Les religieuses y menaient une vie bourgeoise et mondaine. Chacune avait d'ailleurs une chambre avec une cuisine personnelle dont s'occupait leur femme de ménage attitrée. Des pièces rares étaient importées d'Europe: pianos, meubles, tissus, dentelles... Le couvent révèle les modes de l'époque et nous permet de mieux imaginer l'environnement de ces riches colons.

Les femmes péruviennes habillées traditionnellement pour les touristes sont magnifiques. Avec leur chapeau, leur jupe ample et colorée, le visage cuivré, elles sont impressionnantes. Bien sûr, elles en profitent pour vendre des objets de leur confection. Mais c'est de bonne guerre.

Nous ne restons qu'une journée à Arequipa et nous dirigeons vers le « Canon del Colca », autre lieu très touristique du Pérou. Pour cela, nous grimpons de nouveau sur l'Altiplano et rencontrons encore une fois, sans nous en lasser, des vigognes et autres camélidés locaux. Georges déniche de la viande de lama pour notre prochain asado. Une vieille femme en tenue traditionnelle déambule avec un bébé alpaga pour se faire prendre en photo. Les filles craquent et passent leurs mains dans l'épaisse toison blanche et douce.

Nous cheminons par des pistes de montagnes à 4800 mètres et il ne fait pas chaud! Les paysages de cultures en terrasses nous émerveillent. Quels efforts pour arriver à de telles oeuvres! Les montagnes sont réellement très raides et malgré tout, les hommes ont réussi à façonner des terrasses en déplaçant des milliers de pierres. Tout cela sur la pointe des pieds, comme pour ne déranger personne...

Nous arrivons au « Canon del Colca » mais, à notre grande surprise, nous nous apercevons que l'accès est payant. Les gardes sont installés sur la route de sorte que l'accès au village suivant: Chivay, est lui-même payant! Nous trouvons la manoeuvre un peu gonflée et demandons les documents prouvant qu'il s'agit d'un parc national réglementé. Evidemment, ils n'ont rien et nous refusons de coopérer car nous avons le sentiment de nous faire racketter. Pour autant, nous ne bougeons pas de notre place :devant la barrière. Finalement, on nous permet l'accès au village en nous faisant promettre de ne pas entrer dans le canon. Nous donnons simplement notre parole. Depuis quand devrions nous payer pour entrer dans un bourg?

Chivay est un village traditionnel de l'Altiplano. Bien entendu il y a des restaurants et des boutiques pour touristes. Mais il y a surtout des petites ruelles tranquilles s'organisant autour d'une place centrale arborée. Il y a également un marché traditionnel avec des légumes, des fruits, des étalages de viande, du bon pain chaud, des pâtisseries... Le marché couvert accueille une cantine populaire où l'on mange de bons plats traditionnels. Nous sommes servis par une « mamita » en tenue traditionnelle et mangeons avec les péruviens pour 3 fois rien.

Les femmes, plus ou moins jeunes, continuent de porter les vêtements traditionnels. Même si pour certaines il s'agit d'un argument de vente pour les touristes, pour d'autres, il s'agit encore de leur tenue quotidienne. Leurs jupes, leurs chapeaux et leurs boléros brodés sont magnifiques. Je me régale à les observer déambuler avec leur enfant sur le dos enveloppé dans un tissu coloré. L'artisanat est très présent. Beaucoup de femmes portent un élément de ce savoir faire: un vêtement, une ceinture, des chaussures, un chapeau, un tissu... De plus en plus, les mantas (tissus servant à porter des charges sur le dos) sont uniformes car fabriquées et vendues de façon industrielle sur les marchés où les objets en plastique sont également omniprésents. Il est vrai aussi que les jeunes s'habillent de plus en plus à « l'occidentale ». Néanmoins, observer de vraies pièces d'artisanat fabriquées à la main et utilisées par les gens n'est pas rare. Le tissage, le tricot, la broderie sont des arts encore communs. C'est donc un vrai plaisir pour moi de découvrir cette culture simplement en me promenant dans la rue. Et puis, nous sommes gâtés: un marché artisanal se tient le lendemain de notre arrivée. Les gants et bonnets tricotés se mêlent aux tissages et aux poteries. Le travail est de très bonne qualité et je suis scotchée face à certaines mantas nécessitant des mois de travail. On m'explique la différence entre les motifs incas, géométriques et les motifs espagnols, floraux. Je découvre les verres à chicha (bière artisanale très populaire et déjà fabriquée par les incas). Bref, je me régale!

Nous en profitons pour passer une après midi aux thermes de Chivay. Les eaux sont bien chaudes et c'est un plaisir, après plusieurs jours sans douche, de se plonger dedans! Nous trouvons un petit bivouac en pleine montagne au milieu des terrasses et c'est dans ce décor somptueux que nous goûtons la viande de lama grillée!

Après le calme de Chivay, nous nous dirigeons vers Cuzco par des pistes de montagne. Il n'est pas facile de se repérer: la carte n'est vraiment pas fiable. Mais en demandant à droite et à gauche, nous ne nous perdons pas. La piste est magnifique bien que le froid soit vif à ces hauteurs. Nous passons par de nombreux villages. Contrairement à l'Altiplano chilien, au Pérou, les montagnes sont habitées. Les cultures en terrasses sont entretenues. Des troupeaux paissent partout. Les maisons aux toits de chaume et aux murs en adobe sont encore bien droites et une fumée s'échappe toujours de la cheminée. On se demande d'ailleurs où ils trouvent le bois car à part les cactus et quelques arbustes, il n'y a rien à brûler! Par contre, nous ne voyons pas d'école. Sans doute notre oeil n'est-il pas suffisamment averti pour les reconnaître? C'est beau et cette beauté ne tient pas qu'aux paysages. Nous ne sommes pas dans un sanctuaire naturel même si nous apprécions de les avoir sous les yeux.. Ces montagnes péruviennes sont belles parce qu'elles sont vivantes!

La piste ne dure que deux jours et nous arrivons bientôt aux alentours de Cuzco. Cette région a été durement touchée par des inondations pendant le mois de janvier. Il y a eu de nombreux morts et le Machu Pichu a été fermé. Nous pouvons constater l'ampleur des dégâts: au bord de la route, des familles vivent sommairement sous des bâches en plastique, près des villages inondés. Manifestement, l'urgence nationale n'est pas de les reloger mais de permettre au Machu Pichu de nous accueillir dès le 1er avril...

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Mars 2010 : Le Pérou, Arequipa

 
     


Et si, c'est le Pérou !

   

"Inca Cola, la boisson de l'Inca !"
   

Place d'Arequipa
   

Il est mignon ...
 

Point haut
 

 


Chivay d'en haut
   

La Police : petite touche guerre des étoiles ...

 

   
   

Scène de rue
   

Sur la piste vers Cuzco

   

La blague du 1er Avril des filles !!
   

Petit marché de montagne
   
     
© 2009 - Dabo - Rodrigo